mercredi 30 janvier 2008

Il y a quelque chose de terrible en moi

Il y a quelque chose de terrible en moi.
Qui gronde.
Tout au fond de mon corps.
Et que je sens monter.
Gonfler.
Enfler.
Comme un hématome.
S’enflammer.
Comme un brasier infernal.
Au point de m’en faire mal.
Et j’en tremble.
Je ne sais plus si ce sont mes nerfs qui frémissent ou la peur de moi qui me fiche en transe.
Il y a un animal en moi.
Il est là.
Qui guette. Qui scrute. Qui épie.
Prêt.
A se jeter sur sa proie pour la tuer.

Colère.
Colère sourde. Colère grave. Colère profonde. Elle rugit.
Elle ronge les cellules de mon corps.
Elle aliène ma pensée.
Elle se traîne comme un limbe, dans chaque espace cellulaire.
Elle résonne à l’intérieur, comme l’orage gronde et annonce la tempête dévastatrice.
Elle m’étouffe.

Colère.
Elle hante ma nuit. Elle en éteint les étoiles. Elle en décroche la lune, pleine et ronde comme une promesse solaire.

Colère.
Le code social du bien se conduire, du bien dire et du bien penser tout haut ce qu’on mal en pense tout bas, me dicte de la dompter. Et ça m’épuise.

Colère.
On s’espionne, on se jauge, on s’évalue, on se bastonne.
Mental veut lui faire la peau. La réduire en miettes.
En cendres.
La flanquer sur l’échafaud.
Faire taire ses rugissements stridents, et sentir enfin l’apaisement de la victoire sur soi.
Ma victoire.
Peine perdue.

Colère.
Mes journées sont un combat intense. J’en sors éreintée.
Atrocement meurtrie. Aussi.
J’en saigne, j’en sue, j’en vomis.
Je sens l’animal en moi trépigner d’impatience.
Me laminer l’intérieur de ses griffes acérées.
M’écorcher à hurler, pour sortir de cette carapace solide, de ce carcan insoutenable, que je lui impose.

Colère.
Je suis la louve traquée.
Je lèche mes blessures béantes, et replace les lambeaux de chairs lacérées après ma course effrénée dans la nuit noire et glaciale des humains.
Je protège les miens. Je me bats à mort pour préserver leur vie. Pour protéger notre territoire.
Mon territoire.
Mon clan.

Instincts.
Envie de tuer.
Boire le sang de mes ennemis.
Mordre leurs chairs.
Pour que justice soit faite.

Colère.
Ma colère. Ma si belle Colère.
Tu me laisses haletante et tu m’effraies.


Ce matin. 9h00. Arrivée au bureau.
-« Salut « elle » ! ça va ? »

La louve retrousse ses babines. Le regard est fiévreux. Les crocs sont prêts à déchiqueter au moindre faux pas. A la moindre alerte d’invasion de mon territoire. De saccage de mes valeurs et de mes lois. Celles du coeur. Ce qu’il me reste. L’essentiel.
Jusqu’à la mort, je lutterai.

- « ça va. »

Il y a quelque chose de terrible en moi.
Et le pire reste à venir.

1 commentaire:

Bridget a dit…

Qu'il est bon de te retrouver L. Toi, tes couleurs, tes humeurs, ta colère, tes tripes à l'air... du "vibrant" à l'état pur ;-) !! Bises !